L’erreur au sein de l’apprentissage

Tomber permet d’apprendre à se relever

(Ramdlon, Pixabay)

Trop souvent encore, l’erreur fait peur. Elle est associée à l’encre rouge du professeur, au regard en biais d’un proche ou d’inconnus ; elle est associée à des émotions négatives que l’on souhaite à tout prix éviter.

Pourtant, comme ont pu nous le révéler les recherches en neurosciences, l’erreur fait partie intégrante de l’apprentissage. Avez-vous déjà vu un enfant se mettre à marcher sans essuyer de chute ? Êtes-vous capable de vous exprimer dans une langue étrangère sans jamais avoir fait de fautes depuis vos premiers cours ? Saurez-vous de suite vous lever pour jongler avec cinq balles sans en faire tomber une seule ?

Apprendre, c’est accepter de se tromper. Apprendre, c’est se remettre en question, c’est confronter à la réalité ce que l’on croit et ce que l’on pense savoir. Comme le souligne Stanislas Dehaene dans son ouvrage Apprendre !, la plupart des réseaux de neurones “observent leurs erreurs et s’en servent pour ajuster leur état interne dans la direction qui leur paraît la mieux à même de faire disparaître cette erreur.” (Dehaene 49) 

Pour apprendre, il faut donc se lancer, oser faire pour ensuite se corriger. La meilleure façon de se protéger de l’erreur ou de l’échec est de ne rien faire, mais l’on ne se développe pas non plus. Prenons pour exemple l’exercice suivant qui peut paraître simple au premier abord : dans la liste ci-dessous, contentez-vous d’énoncer à voix haute la couleur de chacun des mots de la liste.

Pas si évident n’est-ce pas ? Ceci est le test de Stroop utilisé pour mesurer l’attention sélective. Tant qu’on ne l’a pas fait soi-même, on ne mesure pas la difficulté qu’il peut revêtir, comme un problème de mathématiques qu’on analyse de loin. On se trompe, on se reprend, et on y parvient.

Ainsi, s’il est important de faire pour progresser, il devient nécessaire de reconsidérer la vision de l’échec. En aucun cas ce dernier ne doit stigmatiser sans quoi il ne mène qu’à l’inertie et à la stagnation (peur d’échouer à nouveau, perte de confiance, stress, culpabilité, etc.). Se tromper et rater doivent être compris comme faisant partie d’un apprentissage, c’est notamment ce que fait remarquer Stanislas Dehaene en considérant le retour sur erreur comme l’un des 4 piliers fondamentaux de l’apprentissage (accompagné de l’attention, l’engagement actif et la consolidation). Toute tentative infructueuse doit donc être accompagnée d’une rétroaction positive, et cela aussi bien pour les individus que pour les organisations. 

Reprendre ses erreurs avec bienveillance, c’est la meilleure façon de lutter contre le fatalisme pour ainsi aller de l’avant.

SOURCES

Stanislas Dehaene, Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, Paris, Odile Jacob, 2018.

Olivier Houdé & Grégoire Borst, Le cerveau et les apprentissages, Paris, Nathan, 2019.

Julien Cusin, « La réalité de l’apprentissage par l’échec en entreprise : une approche behavioriste enrichie des émotions », URL : https://www.erudit.org/fr/revues/mi/2009-v13-n4-mi3562/038583ar/, mis en ligne le 16/11/2009, consulté le 05/09/2022.

Kévin FRANÇOIS