La formation et l’efficacité

 

Quand l’histoire continue à nous abreuver d’exemples.

Construction Tour Eiffel

“[T]uyau d’usine en construction”, “squelette de beffroi”, “odieuse colonne de tôle boulonnée”, “dame de fer”, ces appellations sont multiples et variées vous voyez pourtant de qui nous allons parler aujourd’hui.

La tour Eiffel a été inaugurée le 31 mars 1889, soit 2 ans, 2 mois et 5 jours de travaux pour ce bâtiment de 330 mètres de hauteur composé de plus de 18 000 pièces de métal. Tous ces chiffres grandioses obtenus par un nombre respectable de bien des manières, celui de 250 ouvriers au maximum sur le chantier.

Bien que la construction de la tour Eiffel ait pris le double de ce qui était prévu au départ avec un budget qui a explosé aussi (Dino Buzatti a peut-être trouvé une explication dans sa nouvelle “La Tour Eiffel” 😉), il est communément admis que l’élévation de ce monument sur une telle durée est un exploit pour l’époque.

Cette prouesse technique est généralement expliquée par la préfabrication des pièces servant à l’assemblage de la dame. En effet, les pièces étaient découpées, percées et en partie assemblées dans l’atelier de Levallois-Perret pour ensuite être acheminées jusqu’au chantier distant de quelques kilomètres à l’aide de chevaux. S’il est certain que cette industrialisation du procédé de fabrication est une clé pour comprendre la rapidité du chantier, nous souhaitons nous arrêter un moment sur un autre élément essentiel de cette réussite : la formation des équipes.

Les soft skills ne datent pas d’aujourd’hui

Gustave Eiffel a pris soin avec ses responsables de chantier, Jean Compagnon et Eugène Milon, de former les ouvriers recrutés afin que ces derniers soient parfaitement conscients du savoir-être réclamé pour travailler sur cet édifice. La prudence, l’agilité et l’exemplarité, ce que nous attachons aujourd’hui aux “soft skills”, étaient de mise et des chefs d’équipe furent désignés pour vérifier le respect de ces attitudes. Un véritable processus d’intégration fut mis en place, ce qui contribua certainement au peu de morts qu’il y eut à déplorer lors de cette construction (un seul ouvrier serait mort, et en dehors de ses heures de travail).

Bien sûr, ne mélangeons pas ici corrélation et causalité, de nombreux facteurs sont entrés en jeu pour permettre à ce projet d’arriver à son terme dans de bonnes conditions. Cependant, nous insistons sur l’importance que peut revêtir le facteur humain dans une entreprise de cette envergure. C’est en prenant en compte les ouvriers et en leur fournissant des outils adéquats que les chiffres présentés au début ont pu être alignés. En agissant ainsi sur les “soft skills” de son équipe, Eiffel a reconnu l’importance de l’esprit d’équipe et des compétences relationnelles ou émotionnelles pour encadrer les “hard skills” (savoir-faire/ compétences techniques). C’est en misant sur des compétences sociales, interpersonnelles et intrapersonnelles qu’il a pu mener un ouvrage si audacieux dans un climat de qualité et de sécurité.

Ouvriers sur Tour Eiffel

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L’humain donne sa valeur au projet

Cette prise en compte de l’humain au sein du projet ne doit pas être oubliée aujourd’hui. Former ses employés, travailler sur leur savoir-faire ou leur savoir-être, c’est une façon de motiver la personne qui travaille avec nous tout en lui apportant une forme de reconnaissance. Cela permet de nouer avec une autre stratégie développée par Eiffel au cours de son chantier : faire de ses ouvriers ses premiers ambassadeurs.

Comme ont pu nous le révéler les premiers noms de cet article associés à la tour Eiffel, ce monument n’était pas au goût de tous. Eiffel a su réaliser que face à ses nombreux détracteurs il devait s’entourer d’une équipe qui serait capable de donner une image positive du projet à sa place, de communiquer en même temps que lui. Il y a bien eu des grèves et des confrontations, des désaccords et des discussions, mais ce qu’on en retient aujourd’hui, c’est que toutes ces difficultés ont été dépassées pour laisser derrière elles des chiffres incroyables, des médailles, un symbole.

SOURCES

BUZZATI Dino, “La Tour Eiffel” in Le K, 1967, Robert Laffont.

LEMOINE Bertrand, “La construction de la Tour Eiffel : un chantier exemplaire”, URL : https://www.toureiffel.paris/fr/actualites/130-ans/la-construction-de-la-tour-eiffel-un-chantier-exemplaire.

VERMÈS Anne, “Les secrets de Gustave Eiffel pour motiver ses employés”, URL : https://www.lesechos.fr/idees-debats/leadership-management/les-secrets-de-gustave-eiffel-pour-motiver-ses-ouvriers-1253504.

VERMÈS Anne, “Devenez un chef de projet aussi efficace que Gustave Eiffel” [Podcast], Les grands managers de l’histoire, Prisma Média, 01/2021, URL : https://open.spotify.com/episode/3tWUmKbH9Z8nE9ZKsnDmif

“Lumière sur… la tour Eiffel”, URL : https://www.espacefrancais.com/la-tour-eiffel/.

“15 choses essentielles à savoir sur la tour Eiffel”, URL : https://www.toureiffel.paris/fr/actualites/histoire-et-culture/15-choses-essentielles-savoir-sur-la-tour-eiffel

Kévin FRANÇOIS