Se former et comprendre l’empreinte environnementale du numérique
Lorsqu’il est question des actions à mener pour limiter l’impact du bouleversement climatique, les responsabilités sont parfois pointées du doigt et relancées sur chacun tel un boulet rouge dans une partie endiablée de balle aux prisonniers. “J’évite et je regarde ailleurs”, “ça ne me concerne pas”, “ce n’est pas à moi d’agir”, “tu les as vus ?”, etc. Une chose est certaine, que les responsabilités des citoyens, des entreprises, ou des États s’élèvent à 25, 45 ou 70%, plus il y aura de personnes qui se sentiront investies, plus nous aurons une chance de nous acheminer vers une société consciente de ses actes et de ses conséquences, au moins d’une partie.
Pour partager ses points de vue,discuter de problèmes existants ou à venir, et laisser tout le monde s’emparer d’une question, il existe une solution merveilleuse : la pédagogie. Nous avons tout intérêt à nous renseigner, à essayer de comprendre ce qui est en jeu, et à partager ce que l’on sait lorsqu’on évoque les changements climatiques car chacun est concerné à son échelle. Cependant, ce sujet est tellement complexe, organique, imbriqué avec d’autres, qu’il est nécessaire de l’explorer petit à petit. C’est ce que nous souhaitons faire ici, avec comme première étape la question de l’empreinte environnementale du numérique.
🔎 Que doit-on mesurer ?
Selon un rapport de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) et de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) publié en avril 2022, 2,5% de l’empreinte carbone de la France est liée au numérique. Au total, les activités numériques représentent 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et pourraient atteindre 6,7% d’ici 2040. Cela représenterait une hausse de 60%. Dans une période où la lutte contre les bouleversements climatiques est engagée sur de nombreux fronts, il peut aussi être bon de se questionner sur nos habitudes digitales. Mais que représentent les activités liées au numérique ? Est-ce que c’est simplement lire cet article en ligne puis aller visionner une vidéo sur YouTube ensuite ? Ou est-ce que cela tient compte de l’achat de l’écran et du moniteur qui nous permettent de réaliser ces activités ?
Comme le précisent les auteurs du rapport, leurs calculs ont été réalisés sur la vie complète d’un bien numérique, de sa construction à l’usage qui en est fait. Ceci est une chose essentielle à prendre en compte car « 78% de l’impact environnemental du numérique sur les émissions de gaz à effet de serre est lié à l’étape de fabrication » et « 21% concerne la phase d’usage ». Ce n’est donc pas l’activité que nous avons sur Internet qui représente la majeure partie de l’impact environnemental du numérique, mais la fabrication de produits et de contenus multimédia.

@Mariakray – pixabay.com
🖥️ De la production à la consommation
Pour illustrer cela, prenons l’exemple de Netflix. Nous entendons parfois parler de l’empreinte carbone considérable des plateformes de streaming comme Disney +, ou Amazon prime. Mais comment se répartit l’impact environnemental de ces entreprises ? Netflix réalise régulièrement des études pour estimer son empreinte carbone, et il a été établi que sur les 1,1 millions de tonnes de CO2 mesurés en 2020, 45% provenaient du pôle « Bureau et marketing », 50% du pôle « Tournage » et 5% des « Infrastructures de stockage et de diffusion ». Il est donc possible d’observer une nouvelle fois que l’impact environnemental provient avant tout de la production plutôt que de la consommation. Cette donnée peut guider sur les priorités à établir pour lutter contre le bouleversement climatique, mais attention tout de même : la consommation appelle la production et l’utilisation appelle la fabrication. D’où certaines préconisations de l’Arcep qui invitent à sensibiliser les citoyens sur la quantité de données qu’ils consomment.
Dans le détail, l’ADEME et l’Arcep font remarquer que les terminaux utilisateurs (téléviseurs, ordinateurs, smartphones, etc.) représentent 65 à 90% de l’impact environnemental du numérique, quand les centres de données (data center) représentent entre 4 et 22%, et les réseaux entre 2 et 14%. Ces terminaux sont particulièrement gourmands en ressources naturelles et notamment en minerais et en terres rares. À tel point que certains scientifiques estiment que si le rythme de production d’équipements numériques se poursuit, les gisements d’or seront épuisés d’ici 17 ans et ceux de cuivre d’ici 40 ans. Ces données ne tiennent pas compte de la difficulté à extraire ces minéraux de plus en plus rares, difficultés qui accroissent le coût environnemental, mais aussi le coût social des appareils numériques. En ce qui concerne les terres rares, elles sont parfois surnommées les « minerais de sang » à cause de la pression que leur exploitation impose à certaines populations. Il y a un véritable coût sur l’environnement et la santé qui est à prendre en compte.
💪 Des actions possibles
La bonne nouvelle cependant est que ces minerais sont moins coûteux à recycler qu’à extraire. En tant que citoyens et consommateurs, nous savons donc maintenant que d’une part il est préférable de faire durer le plus possible les appareils électroniques que nous utilisons ; et d’autre part que nous avons tout intérêt à déposer ceux qui sont arrivés en fin de vie dans une boîte de recyclage. Cela fait partie des nombreux éco-gestes à mettre en place pour diminuer l’empreinte carbone du numérique, gestes qui seront plus efficaces que de baisser la qualité de la vidéo que nous regardons en streaming, même si chaque pas compte.
Dans leur dernier rapport publié en mars 2023, l’ADEME et l’Arcep estiment que “sans action pour limiter la croissance de l’impact environnemental du numérique, l’empreinte carbone du numérique pourrait tripler entre 2020 et 2050”. Si justement agir pour accélérer votre sobriété numérique vous intéresse, tinycoaching a créé une formation sur les enjeux climatiques au cours de laquelle sont présentées les sources des bouleversements climatiques qui nous touchent, les indicateurs clés qui témoignent de l’évolution, l’impact que cela aura sur nos vies et les conséquences que cela peut avoir en milieu professionnel. Cette formation est accessible durant tout l’été sur notre offre Freemium.Vous pouvez y accéder ici : tinycoaching.
Kévin FRANÇOIS